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Marche pour le Climat et contre le pouvoir d'En Marche

Publié le par Morgane Lesne

Marche pour le Climat et contre le pouvoir d'En Marche
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    Rentrée 18. Il fait chaud sur Paris, le soleil est perçant et le ciel est sans nuages. On cherche l’ombre. Nous sommes le 8 septembre et ce premier samedi de la rentrée  est marqué par un évènement qui se veut ni politique, ni social… mais environnemental et citoyen. La Marche pour le Climat. Le rejet des termes sus-cités par une part conséquente des utilisateurs de réseaux sociaux peut être compris comme un signe de colère des citoyens vis-à-vis de la classe politique et dirigeante. Ça paraît évident… Mais c’est ne plus rien comprendre aux rapports sociaux, qui sont par définition politiques, notamment lorsqu’ils sont collectifs et orientés idéologiquement. Notamment lorsque ce sont des rapports de lutte. La manifestation a été lancée à la suite de l’intervention de M. Nicolas Hulot sur les ondes de France Inter le 28 août, nous faisant part de sa démission du poste de Ministre de la Transition Écologique. Gros pavé dans la mare pour clore ces vacances estivales caniculaires et jeter de l’eau sur le feu du sacro-saint moment dit de la « rentrée ». Rentrée des luttes sociales ?  Rentrée politique ? Rentrée des classes ? Étant donné le vide notable de visibilité des luttes pour la défense des droits sociaux et contre la disparition du service public, on est enclin à poser cela comme un fait : ne reste à la société civile que la lutte visible et spectaculaire pour un environnement écologique qui n’empire pas. Je ne sais pas s’il faut se réjouir ou pleurer…  
    Au-delà, les saisons s’enchaînant - que l’on soit climato-sceptique ou adhérent à Greenpeace - un discours sur le changement du climat se réalise de la part des individus eux-mêmes. Les médias peuvent en être à l’origine certes… Mais certaines chaleurs sont telles que la peur s’installe, les scénarios « catastrophe » s’approchent davantage du documentaire que de la science-fiction et on commence à réellement « s’alarmer » - de l’italien all’arme, littéralement « aux armes ». La Une du Monde datant du 14 novembre 17 était alarmiste « Il sera bientôt trop tard » - en publiant le compte-rendu d’un colloque de plus de 15000 scientifiques - mais optimiste : tout n’est pas encore perdu. Qu’en est-il à l’heure actuelle ? Le futur s’est-il transformé en présent ?  Qu’en a montré alors cette partie de la société civile qui est allée marcher aujourd’hui ?

    Une foule intense s’est mobilisée place de l’Hôtel de Ville vers 14h, sous ce soleil de plomb. Les premières pancartes apparaissent au-dessus des têtes et donnent le ton : « Planète en danger », « L’écologie, pas les lobbyistes » « Les canicules nous enchaînent », « Vous ne trouvez pas qu’il fait assez chaud comme ça ?!? » « Macron : la planète avant la dette », « Productivisme = Mort », etc. Les affiches sont colorées, plastifiées ou bien ce sont des inscriptions lancées au marqueur sur de simples cartons. La présence de jeunes, de familles, d’adultes et de personnes plus agées donne une ambiance bon enfant à ce parterre d’humains suant et en lutte souriante. Des intervenants ont pris la parole, en lieu et place des associations qui ont suivi le mouvement. Greenpeace, Agir pour l’Environnement, Alternatiba, et une dizaine d’autres organisations non gouvernementales se sont coordonnées pour animer ce moment. Des entractes de danse chauffent l’ambiance. Une espèce de gros ballon noir en forme de losange flotte au-dessus des personnes, ressemblant étrangement à une voile noire gonflée à bloc. Pas de signes de black blocs pour autant, que de la bonne humeur blanche en général, et quelques applaudissements d’entrain. J’entends plusieurs critiques à l’encontre de M.Mélenchon - qui a sauté sur l’occasion pour s’insérer dans la lutte, en reprenant le sujet comme étant le sien. Et également, chopée au hasard des allers et des venues, une critique de M.Jumel (député de Seine-Maritime) qui a voté contre l’amendement interdisant le glyphosate sur les sols agricoles français (http://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/15/(num)/713), parmi beaucoup d’autres députés ce soir-là. Ce qui amène alors à un point central de l’actualité : M. François de Ringy, actuel ministre de la Transition Écologique, était Président de l’Assemblée Nationale sous postulat d’En Marche. Bon, comment dire… Bon. Il ne s’est pas prononcé, mais il a fait passer l’heure du scrutin un lundi soir après 22h.
    Départ de la manifestation - de la Marche - vers 15h30. On avance, puis on piétine, ça bloque. Signe d’une densité de personnes importante. On est plusieurs dizaines de milliers. Sans doute aucun. Des chemins de traverse se font, on y croise les quelques rares camions de CRS dépêchés sur place pour l’occasion. Tranquille. Une sensation assez sereine jaillit de l’air ambiant, rien ne devrait dégénérer aujourd’hui. Tout le monde est cool. Ça change de Nantes… Ici, il y a les caméras, les photographes, toute la presse. Et la population qui déambule pour le climat est celle qui a voté pour le pouvoir en place, classes moyennes supérieures et bourgeoises, blanches, propres et normées. Il n’y a pas de raisons pour lancer les lacrymogènes ou pour prendre en étau les marcheurs. C’est très agréable, fluide, assez détendant. Quelques slogans, dont celui très chauffeur-de-salle de l’ONG Alternatiba « Et 1, et 2 et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité ». Ils avaient une énergie sympathique et communicative. La marche se rapproche de République, c’est noir de monde de part et d’autre des boulevards. Les véhicules motorisés des alentours devront encore attendre un peu avant de redémarrer et d’envoyer leurs particules dans l’atmosphère. Dans les poumons. Un homme d’une cinquantaine d’année à main gauche déclare à son amie « c’est sympa, c’est coloré, c’est jeune ». Je croise un couple de retraités habitant à la campagne à 100 bornes au Sud de Paris, dans l’Aine… Ils n’ont pas le même sourire que les autres. En fait, ils ne sourient pas. Désertification des espaces ruraux, pénurie de médecins, sols et air pollué, routes hors d’usages : « il n’y a plus de république, ou bien elle est à deux vitesses » se plaint le vieux monsieur. Qui a dit que cette après-midi parisienne n’était pas politique ?  

    Arrivée à la place de la République, la masse de monde s’est approprié les lieux, ça cause, ça papote, ça regarde ce qu’il se passe et ça mange des crêpes. Toujours autant de pancartes en l’air, les unes plus originales que les autres. Ce genre de manifestation publique porte en elle le sceau d’un changement radical vis-à-vis des anciens modes de révoltes linéaires et prolos des ‘manifs’. Personne n’est en conflit, chacun y met sa touche de fantaisie, des enfants de trois ans portent des pancartes… Ils sont d’une certaine manière l’alibi final de cette rentrée environnementale de fin d’été.     
    Devant la statue de l’Allégorie Républicaine, je m’assieds pour reposer mes pieds douloureux. Je regarde les quelques gaillards qui montent sur le lion puis se hissent sur le premier étage de ce monument. Ils accrochent une banderole, ils prennent leur temps. Pendant ce laps, plusieurs panneaux annoncent le devoir de retour à la terre, avec Patcha Mama en première ligne. On vit une époque à la fois  brisée et très joyeuse. Les jeunes hommes déroulent leur grand tissu sur lequel est inscrit en lettres noires « ZAD PARTOUT , Que refleurissent les communes ». Frissons. Joli point final à cet évènement, qui se solde par un petit concert où les intervenants chantent « merci à la vie ». J’ai cette impression nette que tout ça se termine maintenant. Que la belle énergie déployée par près de 50000 personnes s’échappe déjà tandis que les individus s’en retournent à leur train-train de métro-course/shopping-apéro-dodo.

    La critique est là, chacun sait que l’environnement est une base indispensable à la pensée d’un futur pour notre espèce. Nous savons également que l’emprise des lobbies et du pouvoir de l’argent empêche les avancées dans ce domaine. Que fait-on dans ce cas ? On marche… La manifestation est à la randonnée ce que le base-ball est au golf, ça n’a rien à voir - sauf peut-être au niveau des appuis. Je pense qu’une Gay Pride a davantage de chances de changer le monde qu’une marche parisienne en bon uniforme (et non pas en bonne et due forme). À bon entendeur…

 

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